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mains de la Nature, & défigurées par quelque accident qu’elles ont essuyé dans la matrice qui les a produites. Nous appelons production monstrueuse, le mélange de deux espèces, un composé de deux sexes. Pourquoi donc celui dont la constitution intérieure est défigurée, & dont les affections sont étrangères à sa nature, ne serait-il pas un monstre ? Un animal ordinaire nous paraît monstrueux & dénaturé, quand il a perdu son instinct, quand il fuit ses semblables, lorsqu’il néglige ses petits & pervertit la destination des talents ou des organes qu’il a reçus. De quel œil devons-nous regarder, de quel nom appeler un homme qui manque des affections convenables à l’espèce humaine, & qui décèle un génie & un caractère contraire à la nature de l’homme ?

Mais quel malheur n’est-ce pas pour