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une grande différence entre l’adresse des animaux sauvages & celle des animaux apprivoisés. On peut dire que ceux-ci ne sont que des bêtes en comparaison de ceux-là. Ils n’ont ni la même industrie, ni le même instinct. Ces qualités seroient faibles en eux, tant qu’ils resteront dans un esclavage aisé : mais leur rend-on la liberté ? rentrent-ils dans la nécessité de pourvoir à leurs besoins ? ils recouvrent toutes leurs affections naturelles, & avec elles, toute la sagacité de leur espèce. Ils reprennent dans la peine toutes les vertus qu’ils avoient oubliées dans l’aisance ; ils s’unissent entre eux plus étroitement ; ils montrent plus de tendresse pour leurs petits ; ils prévoient les saisons ; ils mettent en usage toutes les ressources que la Nature leur suggère pour la conservation de leur espèce, contre l’in-