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faculté de raisonner, il approuvera ces penchants honnêtes ; qu’il se complaira dans ces affections sociales ; qu’il y trouvera de la douceur & des charmes, & que les passions contraires lui paraîtront odieuses. Or, le voilà dès lors frappé de la différence du juste & de l’injuste, & capable de Vertu.

On peut donc supposer qu’une Créature avoit des idées de droiture & d’injustice, & que la connaissance du Vice & de la Vertu la préoccupait, avant que de posséder des notions claires & distinctes de la Divinité. L’expérience vient encore à l’appui de cette supposition ; car chez les Peuples qui n’ont pas ombre de Religion, ne remarque-t-on pas entre les hommes la même diversité de caractères que dans les contrées éclairées ? Le vice et la vertu ne les différencient-ils pas en-