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de métamorphoser des vices grossiers en qualités éclatantes, quand on vient à les rencontrer dans un Etre sur lequel on ne lève les yeux qu’avec admiration.

Cependant, il faut avouer que, si le culte est vuide d’amour, d’estime & de cordialité ; si c’est un pur cérémonial auquel on est entraîné par la crainte ou par la violence, l’Adorateur n’est pas en grand danger d’altérer ses idées naturelles : car si, tandis qu’il satisfait aux préceptes de sa Religion ; qu’il s’occupe à se concilier les faveurs de sa Divinité, en obéissant à ses ordres prétendus, c’est l’effroi qui le détermine : s’il consomme à regret un sacrifice qu’il déteste au fond de son âme, comme une action barbare & dénaturée, ce n’est pas à son Dieu dont il entrevoit la méchanceté, qu’il rend hommage ;