Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son cœur, comme des tyrans odieux & méchants : mais c’est ce que sa Religion lui défend expressément de penser : « les Dieux ne se contentent pas d’encens, lui crie-t-elle ; il faut que l’estime accompagne l’hommage. » Le voilà donc forcé d’aimer & d’admirer des Etres qui lui paraissent injustes, de respecter leurs commandements, d’accomplir en aveugle les crimes qu’ils ordonnent, & par conséquent de prendre pour saint & pour bon, ce qui est en soi horrible & détestable.

Si Jupiter est le Dieu qu’on adore, & si son histoire le représente d’un tempérament amoureux & se livrant sans pudeur à toute l’étendue de ses désirs, il est constant qu’en prenant ce récit à la lettre, son adorateur doit regarder l’impudicité comme une Vertu[1]. Si la

  1. Exprimer les sentiments & les mœurs d’un