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& qu’on ne pourra pas prouver que des choſes manifeſtes ſoyent démonſtratives de quelque choſe d’obſcur. Si donc il n’y a point de démonſtration évidente d’une choſe évidente, ni obſcure d’une choſe obſcure, ni obſcure, d’une choſe évidente, ni évidente d’une choſe obſcure, & qu’il n’y ait rien que ces ſortes de démonſtrations, ſuivant les dogmatiques ; il faut dire que la démonſtration n’eſt rien.

Ajoutez, qu’il y a des diſputes entre les dogmatiques touchant la démonſtration. Les uns diſant qu’il n’y en a point, (comme ceux qui diſent qu’il n’y a rien : ) & les autres diſant qu’il y en a, (comme la plupart des dogmatiques.) Au lieu que nous diſons qu’il n’eſt pas plus vrai de dire qu’il y en a, que de dire qu’il n’y en a pas. De plus il eſt néceſſaire qu’une démonſtration contienne un dogme : or tout dogme eſt controverſé : il faut donc qu’il y ait quelque controverſe touchant quelque démonſtration que ce ſoyt. Car ſi dès là que l’on regarde comme avouée & indubitable la démonſtration, par exemple, celle par laquelle on démontre qu’il y a du vide, on regarde en meſme temps le vide corne un dogme avoue ; & ſi ceux qui doutent s’il y a du vide, doutent auſſi de la démonſtration du vide, (ce qu’il faut dire à l’égard de tous les dogmes dont on prétend donner des démonſtrations