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ce qui eſt démontré ſoyt autre & différent de la démonſtration. Si donc la concluſion eſt ce qui eſt démontré, on ne pourra pas concevoir qu’une démonſtration ait une concluſion. Car ou la concluſion aide en quelque choſe à ſa propre démonſtration, ou elle n’y ſert de rien. Mais, ſi elle y aide, elle ſera explicative & démonſtrative d’elle-meſme, & ſi elle n’y ſert de rien, elle eſt ſuperflue, & elle ne ſera pas par conſéquent une partie de la démonſtration, parce que nous dirons que cette démonſtration eſt vicyeuſe par ſuperfluyté.

Mais d’un autre coſté un compoſé de prémiſſes ſeules n’eſt pas une démonſtration. Car ſi je dis, s’il eſt jour il foit clair : Or il eſt jour : qui eſt-ce qui accordera que cela faſſe une argumentation, ou un diſcours dont le ſens ſoyt complet. Donc un compoſé de ſeules prémiſſes n’eſt pas une démonſtration ; ce qui foit qu’il ne peut y avoir de démonſtration particulière. Or s’il ne peut y avoir ni démonſtration particulière, ni démonſtration générale, & que nous ne puiſſions pas concevoir quelque autre forte de démonſtration, il faut dire, qu’il ne peut y avoir aucune démonſtration.

Nous montrerons encore qu’il n’y a point de démonſtration, en cette manière. S’il y a quelque démonſtration, ou bien, étant évidente, elle démontre quelque choſe d’évident ;