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a rien de vrai. Cela étant on ne peut point décider cette controverſe, parce que ſi celuy qui dit qu’il y a quelque choſe de vrai, le dit ſans démonſtration, on ne le croira pas, à cauſe que cela eſt conteſté : & s’il veut apporter une démonſtration & qu’il avoue qu’elle eſt fauſſe, il ſe réfutera luy-meſme : mais s’il dit que ſa démonſtration eſt vraie, il tombera dans le Diallèle. (Car il prouvera qu’il y a quelque choſe de vrai par une démonſtration qu’il dit eſtre vraie mais qu’il ne peut prouver eſtre vraie à moins qu’il n’ait prouvé qu’il y a quelque choſe de vrai.) De plus on luy demandera une démonſtration pour prouver que ſa première démonſtration eſt vraie, & encore une démonſtration de cette ſeconde, & ainſi à l’infini. Mais on ne peut point démontrer ainſi à l’infini ; & par conſéquent il faut dire qu’on ne peut connaître en aucune manière qu’il y ait quelque choſe de vrai.

Bien plus. Ce quelque choſe, qu’ils diſent eſtre le genre généraliſſime de toutes choſes, eſt ou vrai ou faux ; ou bien, il n’eſt ni vrai ni faux ; ou bien il eſt vrai & faux tout enſemble. S’ils diſent qu’il eſt faux, ils avoueront que toutes choſes ſont fauſſes : car comme, de ce que cette choſe, qui eſt animal, eſt animée, il s’enfuit que tous les animaux en particulier ſont animez ; de meſme,