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preſſion dans la partie principale de l’ame. Comme donc l’ame & la principale partie de l’ame ſont, ſelon eux, une eſpèce de ſouffle ou de reſpiration légère, ou quelque choſe de plus ſubtil que ce ſouffle ou que cette eſpèce d’air, on ne ſauroit s’imaginer qu’elle puiſſe eſtre capable de recevoir aucune impreſſion foit par l’enfoncement, foit par l’élévation des parties, ou par une certaine vertu altératrice qu’ils ont monſtrueuſement inventée. Car, ſi cela était, l’ame ne pourroit pas conſerver la mémoire de tant de préceptes qui compoſent une ſcience ou un art, lors que de nouvelles altérations ſurvenant, les premières ſeraient effacées par les ſecondes.

Mais, encore que l’on pût avoir quelque notion de l’évidence, elle feroit néanmoins incompréhenſible. Car l’évidence étant une paſſion ou une impreſſion paſſive dans la principale partie de l’ame, & cette principauté de l’ame étant incompréhenſible, comme nous l’avons foit voir, nous ne comprendrons pas non plus cet état paſſif. Enſuite quand nous accorderions que l’évidence eſt compréhenſible, il ne s’enſuit pas que nous puiſſions juger des choſes par ſon moyen. Car l’ame ne s’applique pas par elle meſme aux objets de dehors, & elle ne conçoit pas les images des choſes, par elle meſme, mais par les ſens ; & les ſens ne conçoivent peut-eſtre pas les ob-