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quel on doit juger des choſes. Mais pour obſerver icy une méthode juſte, nous dirons que, ſuppoſé, comme ils le prétendent, que l’homme foit le juge des choſes, il n’y a en luy que ſon entendement & ſes ſens, dont il puiſſe ſe ſervir pour en juger, comme eux-meſmes l’avouent. ſi donc nous montrons qu’il ne peur pas juger des choſes par ſes ſens ſeulement, ni par ſon entendement ſeul, ni par tous deux enſemble, nous renverſerons toutes leurs opinions particulières tout à la fois ; car elles peuvent eſtre toutes réduites à ces trois.

Commençons par les ſens. Quelques-uns aſſurent que les perceptions paſſives des ſens ſont vaines, que rien de tout ce qu’ils ſemblent apercevoir n’eſt l’objet de leurs perceptions : quelques autres diſent, que toutes les choſes par leſquelles ils croient eſtre mas, ſont réellement à eux : & il y en a encore d’autres qui croient que quelques-unes de ces choſes là ſont aperçues par les ſens réellement telles qu’elles ſont, & non pas quelques autres. Dans une ſi grande diverſité de ſentiments nous ne ſaurions ſavoir qui ſont ceux à qui nous devons ajouter foi : car nous ne déciderons pas cette controverſe par les ſens, puiſque nous diſputons ſi leurs perceptions ſont vaines ou ſi elles ſont fondées ſur la vérité & ſur la nature : mais nous la déciderons pas non plus