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joutions foi aujourd’hui. Et quand cet homme là ſera venu, on pourra encore eſpérer qu’il y en aura un autre après luy plus prudent que luy, & encore un autre plus prudent que celuy que l’on attend, & ainſi juſqu’à l’infini.

De plus on ne peut pas ſavoir ſi ces hommes prudents que l’on attend, s’accorderont avec celuy d’à préſent ; ou s’ils débiteront des choſes contraires & oppoſées : ainſi encore que l’on avoueroit qu’il y a quelque homme plus prudent que ceux qui ſont, & qui ont été, comme nous ne pourrons pas aſſurer qu’il n’y en aura aucun plus prudent que cet homme, (car cela eſt obſcur) il faudra toujours attendre le jugement d’un homme plus prudent qui pourra venir, & ne jamais acquieſcer à celuy qui eſt actuellement le plus habile homme.

Accordons encore qu’il n’y a eu, & qu’il n’y aura jamais aucun homme plus prudent que celuy que l’on ſuppoſe eſtre le plus prudent de tous ; je dis que, quand cela ſerait, il n’eſt point à propos de le croire. Car comme ceux qui ont de la prudence, ont de coutume plus que les autres, en établiſſant leurs ſentiments, de faire en ſorte que les opinions défectueuſes dont ils entreprennent la défenſe, paraiſſent vraies & exemptes de défauts ; quand cet habile homme, que l’on