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gence ; je veux dire de celle, qui vient du fond de ſa raiſon, & qui naît des choſes qui ſe préſentent à luy ; en agiſſant ſur luy & luy paraiſſant actuellement d’une certaine manière. Or cette forte d’intelligence n’emporte point néceſſairement avec elle l’exiſtence des choſes que le ſceptique aperçoit par ſon entendement. Car nous n’apercevons pas ſeulement par l’entendement les choſes qui exiſtent, mais encore celles qui n’exiſtent pas. Par conſéquent, ſoyt qu’un philoſophe éphectique examine, ſoyt qu’il ait des idées, ou qu’il aperçoive par ſon entendement ; il perſévère toujours dans ſon inſtitut de philoſophe ſceptique : & nous avons déjà dit qu’il accorde ſon aſſentiment aux choſes qui ſe préſentent à ſon imagination, ſuivant ce qu’elles luy paraiſſent.

Mais voyez, je vous prie, ſi les dogmatiques ne ſont pas plutoſt exclus du pouvoir d’examiner que les ſceptiques. Car il n’y a point d’inconvénient à dire que des perſonnes, qui avouent qu’elles ignorent ce que les choſes ſont par leur nature, continuent à les examiner. Mais l’examen ne convient point à des perſonnes qui s’imaginent de connaître les choſes exactement ; puiſqu’à l’égard de ces deniers, leur examen doit eſtre fini ſuivant leur penſée : au lieu que les premiers conſervent encore toute la raiſon qu’ils