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Les voyageurs auxquels il arrive de traverser le désert connaissent la plus séduisante et la plus dangereuse des illusions : le mirage. Cependant que sous le soleil torride, la caravane chemine par la mer de sable, les hommes rêvent à l’oasis, où ils se reposeront enfin dans l’ombre délicieuse des palmiers. Alentour, le désert est sans bornes, et ils savent qu’il leur faut encore de longues heures de marche pour atteindre la halte bienheureuse. Leurs yeux sont las de ne voir sans cesse que le sable jaune, et le ciel limpide. La fièvre couve en eux, et leur désir grandit de voir de l’eau, des plantes, de jouir de l’ombre. Ainsi ils vont ; et soudain le miracle s’accomplit – leur désir éperdu se concrétise. Voici qu’à l’horizon quelque chose se dessine. L’océan de sable disparaît, et des prés verts et fleuris s’étendent à perte