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L’enfant voulait se faire un beau collier d’argent
Et les hommes lui dirent : Prends nos larmes
Pour te faire un collier d’argent.
Et chacun lui donna sa larme la plus chère.
Et les larmes étaient heureuses
De parer le cou de l’enfant.
Et les larmes disaient entre elles :
Qui es-tu, sœur, et de quel cœur viens-tu ?
Et chacune parlait du chagrin de ce cœur,
Et chacune se trouvait plus triste que sa sœur.
Et l’enfant avait un collier de larmes
Plus argentées que l’eau de la rivière,
Plus argentées aussi que le regard de la lune.
Mais quand l’enfant mit son collier,
Les larmes disaient leur histoire
Et devenaient si lourdes, si lourdes.
Que l’enfant mourut sous leur poids
Et le collier pesant appesantit sa tombe.

Le cobzar a chanté à ma porte
Et j’ai écouté sa chanson.
Et je lui ait dit : Chante encore.
Mais le cobzar ne sait qu’une chanson.


Œuvres à lire d’Hélène Vacaresco (Lemerre et Plon-Nourrit, éditeurs, Paris) : Chants d’Aurore (1886) ; L’Âme sereine (1896) ; Le Rhapsode de la Dîmbovitsa (1900) ; Lueurs et Flammes (1906) ; Le Jardin passionné (1909). — Critiques à consulter : Virgile Rossel, Histoire dé la littérature française hors de France (1885) ; Léo Claretie, La Roumanie intellectuelle contemporaine (1912) ; Th. Cornel, La Roumanie littéraire d’aujourd’hui (1913).


Outre les deux poétesses que nous venons d’étudier, on pourrait encore citer : Alexandre Stourdza, l’auteur d’un recueil de vers très distingués : Les Facettes (1891).