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à tout prendre, la prohibition est ici moins stricte ; bien des sections de castes entre lesquelles le mariage est illicite ne laissent pas de partager le même repas. D’ailleurs, plus encore que pour les règles du mariage, les habitudes varient à cet égard d’une région à l’autre, et, jusque dans la même caste, suivant les districts où elle est cantonnée[1]. La loi n’en subsiste pas moins partout. Mais partout elle se complique de distinctions bizarres en apparence, pour nous fort instructives.

« D’une façon générale, dit un rapport cité par M. Ibbetson[2], aucune tribu n’accepte à manger ou à boire des mains d’une tribu inférieure. Mais l’action purifiante attribuée au feu, spécialement quand elle s’exerce sur le beurre et le sucre, la pureté supérieure supposée au métal par comparaison avec les récipiens de terre, servent de fondement à une large distinction. Toute nourriture est divisée en pakkî rôtî, frite au sel avec du beurre, et kacchî rôtî, qui est traitée autrement. Un brâhmane Goujarâtî mangera du pakkî rôtî, mais non du kacchî rôtî, d’un brâhmane Gaur, un Gaur d’un Taga, un brâhmane ou un Taga d’un Râjpout, un brâhmane, un Taga ou un Râjpout d’un

  1. Un exemple ou deux dans Elliot, p. 6.
  2. P. 184.