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à l’idée vieillie d’une caste de brâhmanes uniquement appliquée à l’étude sacrée, aux pratiques religieuses, à une vie d’austérité ou de méditation, il y aurait de quoi nous déconcerter. Ceux qui ont vu des brâhmanes, ceints du cordon sacré, offrir de l’eau aux voyageurs dans les gares de l’Inde, qui les ont vus faire l’exercice parmi les cipayes de l’armée anglo-indienne, sont préparés à cet ordre de surprises. En fait, on trouve occupés à presque toutes les tâches des gens qui portent fièrement le titre de brâhmanes, et auxquels ce titre assure partout de grandes démonstrations de respect : prêtres et ascètes, savans et mendians religieux ; mais aussi cuisiniers et soldats, scribes et marchands, cultivateurs et bergers, voire maçons ou porteurs de chaise[1]. Il y a mieux : les brâhmanes Sanauriyas du Bandelkhand[2] ont pour profession héréditaire le vol. Il est vrai qu’ils n’exercent que le jour. Et le respect des Hindous pour les brâhmanes va si loin que, à en croire un proverbe,

  1. M. Hunter est entré à cet égard dans des détails très curieux, quelle que soit la valeur des théories qu’il mêle aux faits, Orissa, I, p. 239 suiv. Sur des brâhmanes cultivateurs ou peut comparer encore Ibbetson, § 512, Elliot, I, p. 94 ; sur des brâhmanes commerçants, Ibbetson § 361, et en général, sur la variété des professions exercées par des brâhmanes, Dubois, Mœurs etc., I, p. 410 suiv. ; Nesfield, Caste System, § 133, etc.
  2. Nesfield, § 134.