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tion ne l’entame. La population vaincue est nombreuse ; refoulée plus qu’absorbée, elle est envahie lentement par la propagande sacerdotale plutôt que soumise par une brusque conquête. Avec quelques tempéramens elle garde, là surtout où elle se cantonne et s’isole, beaucoup de son organisation ancienne. Par sa masse qu’elle interpose, par l’exemple de ses institutions très rudimentaires, par la facilité même avec laquelle ces institutions se fondent dans l’organisation assez sommaire des immigrans, elle oppose un obstacle de plus à la constitution d’un pouvoir politique véritable. Donc nul rudiment d’État.

Dans cette confusion, la classe sacerdotale a seule, en dépit de ses fractionnemens, gardé un solide esprit de corps ; seule elle est en possession d’un pouvoir tout moral, mais très efficace. Elle en use pour affermir et pour étendre ses privilèges ; elle en use aussi pour établir, sous sa suprématie, une sorte d’ordre et de cohésion. Elle généralise et codifie l’état de fait en un système idéal qu’elle s’efforce de faire passer en loi. C’est le régime légal de la caste. Elle y amalgame la situation actuelle avec les traditions tenaces du passé où la hiérarchie des classes a jeté les fondemens de sa puissance tant accrue depuis.

Sorti d’un mélange de prétentions arbitraires