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L’imitation des règles brahmaniques s’est infiltrée jusque dans des populations restées d’ailleurs très barbares. Elles montrent à les adopter un penchant des plus forts. Tout en gardant les coutumes les moins orthodoxes, elles s’efforcent de s’adjoindre un clergé de brahmanes, fort méprisé pour le concours qu’il leur prête, fort méprisant lui-même à l’égard de ses ouailles, mais dont, malgré tout, elles tiennent le patronage à grand honneur[1]. Le rite brahmanique du mariage s’est implanté jusque dans des tribus qui n’appellent pas de brahmanes à leurs cérémonies[2]. Telle caste très basse, comme les Râmoshis[3], où la limite exogamique est marquée par le totem, a pourtant beaucoup emprunté aux brahmanes, non seulement sa légende généalogique, mais l’interdiction du mariage des veuves. C’est renverser les termes que d’attribuer aux aborigènes la paternité de pareilles restrictions. Aux étapes primitives, l’organisation et la coutume se ressemblent aisément d’une race à l’autre ; le mécanisme social est trop rudimentaire pour être très diversifié. Encore faut-il se garder de prendre des emprunts tardifs pour un bien héréditaire.

  1. Ibbetson, p. 153-4.
  2. Ibbetson, § 296.
  3. Poona Gazetteer, I. p. 410, 423.