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classe noble n’aient point eu, en fait, et dès le début, la fixité ni la précision que leur attribuent les textes dogmatiques, c’est ce dont nous ne pouvons douter a priori. Nous savons ce que la rigueur des règles masque de flottement dans la pratique. Quelque soin que mit la classe sacerdotale à se réserver le privilège des œuvres rituelles et des études sacrées, ce privilège souffrait, surtout dans la période ancienne, bien des exceptions. Admis à la communication de l’enseignement religieux, les chefs devaient, dans plus d’un cas, en dépit des prétentions contraires, s’en faire à leur tour les instituteurs. Nombre de chants védiques sont attribués à des kshatriyas, voire à des vaiçyas[1]. Si les hymnes mêmes recommandent aux chefs avec tant d’insistance d’avoir près d’eux un prêtre de profession, un purohita, c’est peut-être qu’ils s’affranchissaient souvent de ce devoir. Dans plusieurs cas, des fils de nobles remplissent cette fonction[2]. La littérature sacerdotale témoigne la science éminente de certains rois ; ils en remontrent aux brahmanes mêmes. Les livres qui représentent la théorie brahmanique dans son complet épanouissement prévoient encore le cas, à vrai dire exceptionnel, où un brahmane

  1. Ibid., p. 265 suiv.
  2. Zimmer, op. laud., p. 196.