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nées à restituer l’intégrité ? Je le crois d’autant moins que, aujourd’hui encore, les purifications et les amendes sont souvent, nous l’avons vu, fort légères. Que l’on songe d’ailleurs à cette glorification passionnée de la grandeur des brâhmanes qui s’étale partout ici[1], à l’exagération absurde des honoraires qui sont réclamés pour leur intervention dans les sacrifices et qui se montent jusqu’à des centaines de milliers de vaches[2], au sang-froid avec lequel on déclare que le devoir d’un arbitre est, en face d’un adversaire plus humble, de donner toujours raison à un brâhmane, quels que soient ses torts ! Comment les auteurs ou rédacteurs de ces livres, tous brâhmanes, auraient-ils marchandé aux brâhmanes les facilités soit pour tourner ou limiter des obligations pénibles, soit pour expier leurs fautes ? Cette indulgence même prouve de quel prestige ils étaient dès lors investis.

Nul doute, cette littérature repose déjà sur le terrain que révèlent les Livres de lois ou l’Épopée. C’est s’aveugler à plaisir que d’y chercher un témoin contemporain de la formation du régime. Mais, par ses exagérations, par l’inspiration si exclusive dont elle est pénétrée, elle montre plus

  1. P. 35 suiv.
  2. P. 52 suiv.