Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

célèbres. Descendans d’une çûdrâ, Yajatra ni Vidura[1] n’en sont pas entourés d’un moindre prestige. Les alliances enlre kshatriyas et brahmanes, voire entre ces hauts personnages et les castes les plus humbles, y sont fréquentes[2]. On n’y voit guère que les jeunes nobles soient ordinairement astreints à l’éducation religieuse, qui pourtant est de précepte[3] ; on y voit moins encore que l’abstention de viande ou de liqueurs soit observée par les guerriers[4]. Et cependant la règle est connue ; plus d’une fois la réprobation théorique s’étale dans le conte même qui en atteste la violation[5]. Nous étonnerons-nous après cela de rencontrer des rois de toute caste[6], alors que Manou lui-même envisage comme possible, comme réel, le cas où un çûdra exerce le pouvoir[7] ?

L’Epopée est de sa nature trop étroitement solidaire de la classe noble pour ne pas attribuer volontiers au roi qui l’incarne la suprématie que les Livres de lois réservent jalousement au brahmane[8]. Elle n’en est pas moins explicite à ses heures

  1. Ibid., p. 95.
  2. P. 344.
  3. P. 109.
  4. P. 119, 120.
  5. P. 120, 352-3.
  6. P. 137.
  7. Môn. Dh. Ç. IV, p.61.
  8. Hopkinp, loc. cit. p. 73.