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guère intolérable. La coutume est battue en brèche et par les idées et par les faits.

Malgré leur superbe dédain pour les barbares, les Mlecchas, qu’ils considèrent théoriquement comme de véritables outcasts, il est difficile aux Hindous de se soustraire, pour leurs puissans maîtres, à une admiration craintive qui prête à ces soi-disans parias un singulier prestige. Les relations de tout genre avec ces barbares si supérieurs en civilisation, ne sont pas seulement fréquentes ; elles apparaissent, au fond, comme honorables et flatteuses. La vanité de l’imitation mine incessamment l’instinct traditionnel et ses scrupules. La viande envahit la table de bien des brâhmanes ; la souillure contractée par un voyage au delà des mers et par les infractions qu’il entraîne n’est plus guère prise au tragique. Sur tous les points la règle s’énerve, la coutume désarme, et de proche en proche, de petit groupe en petit groupe, l’évolution s’ébranle. En face de l’administration régulière et forte de l’Angleterre, la juridiction de la caste nécessairement s’atrophie ; elle perd à la fois en étendue, en précision, en autorité.

Cette décadence est attestée de toutes parts. Il ne faut pas exagérer les effets acquis ; la tendance et les conséquences prochaines ne s’en peuvent