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pointilleuse ; elle n’est pas invariable, il s’en faut. Des circonstances spéciales surtout les hasards historiques qui à un moment donné, ont porté au pouvoir dans une province le représentant de telle classe qui, d’origine, n’y paraissait pas destinée, peuvent altérer l’harmonie des lignes générales. La race agricole des Kounbis à Poona va jusqu’à se parer de la qualité de Kshatriyas ; le grand rôle qu’a joué au xviie siècle un de ses membres, Çivajî, comme fondateur de la puissance mahratte, n’est pas étranger à cette prétention[1]. Mais, à tout prendre, ce qui règle la préséance, c’est le degré de fidélité avec lequel chaque caste se conforme, ou fait profession de se conformer, aux enseignements brâhmaniques, soit pour le mariage ou la pureté extérieure, soit pour les occupations ou les coutumes accessoires dont j’ai tenté de donner quelque idée. C’est avant tout l’impureté supposée de leurs métiers ou de leur nourriture qui fait l’abjection des castes les plus basses, celles pour lesquelles prévaut la dénomination impropre d’outcasts[2]. On conçoit que les scrupules de chacun soient ici en éveil puisque la prescription essentielle revient à ne jamais frayer avec des individus inférieurs et souillés.

  1. Poona Gaz., I, 284-5.
  2. Ibbetson, p. 153.