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L’exclusion irrévocable se fait, je pense, de plus en plus rare. Même pour des fautes très graves, elle ne doit guère être maintenue contre des gens qui disposent de quelque influence sur leurs compagnons ou de ressources suffisantes pour désarmer leur sévérité. On en parle surtout là où il s’agit de punir des relations et une communauté prolongées avec des classes méprisées et impures, ou encore des crimes véritables.

C’est, à vrai dire, un châtiment beaucoup plus redoutable qu’il ne nous paraît à première vue. Comme le disait l’abbé Dubois[1], « cette exclusion de la caste qui a lieu pour la violation des usages ou pour quelque délit public qui déshonorerait toute la caste s’il restait impuni, est une espèce d’excommunication civile, qui prive celui qui a le malheur de l’encourir de tout commerce avec ses semblables. Elle le rend, pour ainsi dire, mort au monde... En perdant sa caste, il perd non seulement ses parens et ses amis, mais même quelquefois sa femme et ses enfants, qui aiment mieux l’abandonner tout à fait que de partager sa mauvaise fortune. Personne n’ose manger avec lui ni même lui verser une goutte d’eau... Il doit s’attendre que, partout où on le reconnaî-

  1. I, p. 36.