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d’une manière obligeante et simple. Le propriétaire d’une maison fort jolie et voisine de la ville fut le seul avec qui je me liai. Il me pressa d’habiter sa campagne, ou de choisir entre d’autres, dont il me parla, et qui appartenaient à ses amis. Mais je voulais une situation pittoresque, et une maison où je fusse seul. Heureusement je sentis à temps que, si j’allais voir ces diverses demeures, je me laisserais engager par complaisance, ou par faiblesse, à en prendre une, quand même elles seraient toutes fort éloignées de ce que je désirais. Alors le regret d’un mauvais choix ne m’aurait laissé d’autre parti honnête à prendre que de quitter tout à fait l’endroit. Je lui dis franchement mes motifs, et il me parut les goûter assez. Je me mis à parcourir les environs, à visiter les sites qui me plaisaient davantage, et à chercher une demeure au hasard, sans m’informer même s’il y en avait dans ces endroits-là.

Je cherchais depuis deux jours ; et c’était dans un pays où, près de la ville, on trouve des lieux reculés comme au fond des déserts, et où, par conséquent, je n’avais destiné que trois jours à des recherches que je ne voulais pas étendre au loin. J’avais vu beaucoup d’habitations dans des lieux qui ne me convenaient point, et plusieurs sites heureux sans bâtiments, ou dont les maisons de pierre et de construction misérable commençaient à me faire renoncer à mon projet, lorsque j’aperçus un peu de fumée derrière de nombreux châtaigniers.

Les eaux, l’épaisseur des ombrages, la solitude des prés de toute cette pente, me plaisaient beaucoup ; mais elle est inclinée vers le nord, et comme je voulais une exposition plus favorable, je ne m’y serais pas arrêté sans cette fumée. Après avoir fait bien des détours, après avoir passé des ruisseaux rapides, je parvins à une maison isolée à l’entrée des bois et dans les prés les plus soli-