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qu’il importait de ne plus quitter. Si je m’étais engagé de nouveau dans les roches, peut-être n’aurais-je pas su en redescendre. Nivelé à demi par l’effet des siècles, le lit de la Drance devait présenter une aspérité moins redoutable en quelques endroits que les continuelles anfractuosités des masses voisines. Alors s’établit la lutte contre les obstacles ; alors commença la jouissance toute particulière que suscitait la grandeur du péril. J’entrai dans le courant bruyant et inégal, avec la résolution de le suivre jusqu’à ce que cette tentative hasardeuse se terminât ou par quelque accident tout à fait grave, ou par la vue d’une lumière au village. Je me livrai ainsi au cours de cette onde glaciale. Quand elle tombait de haut, je tombais avec elle. Une fois la chute fut si forte, que je croyais le terme arrivé, mais un bassin assez profond me reçut. Je ne sais comment j’en sortis : il me semble que les dents, à défaut des mains, saisirent quelque avance de roche. Quant aux yeux, ils n’étaient guère utiles, et je les laissais, je crois, se fermer lorsque j’attendais un choc trop violent. J’avançais avec une ardeur que nulle lassitude ne paraissait devoir suspendre, heureux apparemment de suivre une impulsion fixe, de continuer un effort sans incertitude. Commençant à me faire à ces mouvements brusques, à cette sorte d’audace, j’oubliais le village de Saint-Pierre, seul asile auquel je pusse atteindre, lorsqu’une clarté me l’indiqua. Je la vis avec une indifférence qui, sans doute, tenait plus de l’irréflexion que du vrai courage, et néanmoins je me rendis, comme je pus, à cette demeure dont les habitants étaient auprès du feu. Un coin manquait au volet de la petite fenêtre de leur cuisine : je dus la vie à cet incident.

C’était une auberge comme on en rencontre dans les montagnes. Naturellement il y manquait beaucoup de choses, mais j’y trouvai des soins dont j’avais besoin. Placé à l’angle intérieur d’une vaste cheminée, principale