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Je n’écrirai pas jusqu’à votre retour ; je n’aime point ces lettres aventurées qui ne sauraient rencontrer que par hasard celui qui les attend, et dont la réponse, qui ne peut venir qu’au bout de trois mois, peut ne venir qu’au bout d’un an. Pour moi, qui ne remuerai pas d’ici, j’espère en recevoir avant votre retour.

Je suis fâché que M. de F*** ait des affaires à terminer à Hambourg avant celle de Zurich ; mais, puisqu’il prévoit qu’elles seront longues, peut-être la mauvaise saison sera passée avant qu’il vienne en Suisse. Ainsi vous pourrez arranger les choses pour ce temps-là, comme elles étaient projetées pour cet automne. Ne partez point sans qu’il ait promis formellement de s’arrêter ici plusieurs jours.

Vous voyez si cela m’importe. Je n’ai nul espoir de vous avoir ; qu’au moins j’aie quelqu’un que vous aimiez. Ce que vous me dites de lui me satisferait beaucoup, si les projets d’une exécution éloignée me séduisaient. Je ne veux plus croire au succès des choses incertaines.

LETTRE LXXIV.

Im., 15 juin. Neuvième année.

J’ai reçu votre billet avec une joie ridicule. Bordeaux m’a semblé un moment plus près de mon lac que Port-au-Prince ou l’île de Gorée. Vos affaires ont donc réussi : c’est beaucoup. L’âme s’arrange pour se nourrir de cela, quand elle n’a pas un autre aliment.

Pour moi, je suis dans un ennui profond. Vous comprenez que je ne m’ennuie pas ; au contraire, je m’occupe ; mais je péris d’inanition.

Il convient d’être concis comme vous. Je suis à Imenstrôm. Je n’ai aucune nouvelle de M. de Fonsalbe. D’ail-