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LETTRE LVI.

Thun, 2 mai, VIII.

Il faut que tout s’éteigne ; c’est lentement et par degrés que l’homme étend son être, et c’est ainsi qu’il doit le perdre.

Je ne sens plus que ce qui est extraordinaire. Il me faut des sons romantiques pour que je commence à entendre, et des lieux nouveaux pour que je me rappelle ce que j’aimais dans un autre âge.

LETTRE LVII.

Des bains du Schwartz-sée, 6 mai matin, VIII.

La neige a quitté de bonne heure les parties basses des montagnes. Je fais des courses pour me choisir une demeure. Je comptais m’arrêter ici deux jours : le vallon est uni, les montagnes escarpées depuis leur base ; il n’y a que des pâturages, des sapins et de l’eau ; c’est une solitude comme je les aime, et le temps est bon, mais les heures sont longues.

Nous en avons passé d’agréables sur votre étang de Chessel. Vous le trouviez trop petit ; mais ici que le lac est bien encadré, et d’une étendue très-commode, vous seriez indigné contre celui qui tient les bains. Il y reçoit dans