Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plancher au-dessus de mon cabinet ! Il semble que ce soit un bruit de la jeunesse. Mais soyez-y.

Mon ami, il n’y a plus de bonheur. Vous avez des affaires ; vous avez un état : votre raison mûrit ; votre cœur ne change pas, mais le mien se serre. Vous n’avez plus le temps de mettre les marrons sous la cendre, il faut qu’on vous les prépare ; qu’avez-vous fait de nos plaisirs ? J’y serai dans six jours : cela est décidé.

LETTRE LIII.

Fribourg[1], 11 mars, VIII.

Je ne vois pas comment j’aurais pu faire si cet héritage ne fût point venu : je ne l’attendais assurément pas, et cependant j’étais plus fatigué du présent que je n’étais inquiet de l’avenir. Dans l’ennui d’être seul, je trouvais du moins l’avantage de la sécurité. Je ne songeais guère à la crainte de manquer du nécessaire ; et maintenant que je n’ai cette crainte d’aucune manière, je sens quel vide c’est pour un cœur sans passions que de n’avoir point d’heureux à faire, et de ne vivre qu’avec des étrangers, quand on à enfin ce qu’il faut pour une vie aisée.

Il était temps que je partisse, j’étais bien à la fois et fort mal. J’avais l’usage de ces biens que tant de gens cherchent sans les connaître, et que plusieurs condamnent par dépit, dont la privation serait pénible dans la société, mais dont la possession donne peu de jouissances. Je ne suis point de ceux qui comptent l’opulence pour rien. Sans être chez moi, sans rien gérer, sans dépendance comme sans embarras, j’avais ce qui me convenait assez dans une ville comme Lyon, un logement décent, des chevaux, et une table où je pouvais recevoir des... des

  1. Freyburg, ville de franchises.