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Sans Un, il n’y aurait ni deux ni trois : l’unité est donc le principe universel. Un est infini par ce qui sort de lui : il produit coéternellement deux, et même trois, d’où vient tout le reste. Quoique infini, il est impénétrable ; il est assurément dans tout ; il ne peut cesser, nul ne l’a fait, il ne saurait changer ; de plus, il n’est ni visible, ni bleu, ni large, ni épais, ni lourd : c’est comme qui dirait... plus qu’un nombre.

Pour Deux, c’est très-différent. S’il n’y avait pas deux, il n’y aurait qu’un. Or, quand tout est un, tout est semblable ; quand tout est semblable, il n’y a pas de discordance ; là où il n’y a pas de discordance, là est la perfection : c’est donc deux qui brouille tout. Voilà le mauvais principe, c’est Satan. Aussi, de tous nos chiffres, le chiffre deux est celui qui a la forme la plus sinistre, l’angle le plus aigu.

Cependant, sans deux, il n’y aurait point de composition, point de rapports, point d’harmonie. Deux est l’élément de toute chose composée en tant que composée. Deux est le symbole et le moyen de toute génération. Il y avait deux chérubins sur l’arche et les oiseaux ont deux ailes ; ce qui fait de deux le principe de l’élévation.

Trois réunit l’expression de l’ensemble et celle de la composition ; c’est l’harmonie parfaite. La raison en est palpable : c’est un nombre composé qui ne peut être di-