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cœur de l’homme ; d’autre science ou d’autre sagesse que la connaissance de ses besoins, et la juste estimation des moyens de bonheur. Laisse la science inutile, et les systèmes surnaturels, et les dogmes mystérieux. Laisse à des intelligences supérieures ou différentes ce qui est loin de toi : ce que ton intelligence ne discerne pas bien, cela ne lui fut point destiné.

Console, éclaire et soutiens tes semblables : ton rôle a été marqué par la place que tu occupes dans l’immensité de l’être vivant. Connais et suis les lois de l’homme, et tu aideras les autres hommes à les connaître, à les suivre. Considère et montre-leur le centre et la fin des choses ; qu’ils voient la raison de ce qui les surprend, l’instabilité de ce qui les trouble, le néant de ce qui les entraîne.

Ne t’isole point de l’ensemble du monde ; regarde toujours l’univers, et souviens-toi de la justice. Tu auras rempli ta vie, tu auras fait ce qui est de l’homme.

LETTRE XXXIV.

EXTRAIT DE DEUX LETTRES.
Paris, 2 et 4 juin, III.

Les premiers acteurs vont quelquefois à Bordeaux, à Marseille, à Lyon ; mais le spectacle n’est bon qu’à Paris. La tragédie et la vraie comédie exigent un ensemble trop difficile à trouver ailleurs. L’exécution des meilleures pièces devient indifférente, ou même ridicule, si elles ne sont pas jouées avec un talent qui approche de la perfection ; un homme de goût n’y trouve aucun agrément lorsqu’il n’y peut pas applaudir à une imitation noble et exacte de l’expression naturelle. Pour les pièces dont le genre est le comique du second ordre, il peut suffire que l’acteur principal ait un vrai talent. Le burlesque n’exige pas