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quand je considère tout ce que l’espèce humaine demande, et ce que nul ne fait ; c’est alors que je fronce le sourcil, que mon œil se fixe, et qu’un frémissement involontaire fait trembler mes lèvres. Aussi mes yeux se creusent et s’abattent, et je deviens comme un homme fatigué de veilles. Un important m’a dit : Vous travaillez donc beaucoup ! Heureusement je n’ai pas ri. L’air laborieux manquait à ma honte.

Tous ces hommes qui, dans le fait, ne sont rien, et que pourtant il faut bien voir quelquefois, me dédommagent un peu de l’ennui qu’inspirent leurs villes. J’en aime assez les plus raisonnables ; ceux-là m’amusent.

LETTRE XXXII.

Paris, 29 avril, III.

Il y a quelque temps qu’à la Bibliothèque j’entendis nommer près de moi le célèbre L..... Une autre fois je me trouvai à la même table que lui ; l’encre manquait, je lui passai mon écritoire : ce matin je l’aperçus en arrivant, et je me plaçai auprès de lui. Il eut la complaisance de me communiquer des idylles qu’il trouva dans un vieux manuscrit latin, et qui sont d’un auteur grec fort peu connu. Je copiai seulement la moins longue : l’heure de sortir approchait.

LETTRE XXXIII.

Paris, 7 mai, III.

Si je ne me trompe, mes idylles ne sont pas fort intéressantes pour vous, me dit hier l’auteur dont je vous ai parlé, qui me cherchait des yeux, et qui me fit signe lorsque j’arrivai. J’allais tâcher de répondre quelque chose qui fût honnête, et pourtant vrai, lorsqu’en me