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seront ceux qui, dans un repos trop prolongé, éprouveront une inquiétude plus marquée, lors même que les objets de ces premiers besoins, offerts par-tout auprès d’eux, n’exigeront aucun déplacement. Un long repos est un état pénible à des organes disposés pour des mouvemens fréquens ; il devient une contrainte intolérable quand une constante habitude, en facilitant plus encore chaque jour ces mouvemens déjà naturels, a rendu comme ineffaçable l’empreinte si souvent frappée r et changé de simples facultés en un besoin impérieux.

Dans l’homme livré à la multitude dés impulsions sociales, l’habitude immodérée d’être mu devient une passion d’activité dont les suites inévitables seront, ou l’épuisement des organes si cette passion est constamment alimentée, ou l’ennui si elle vient enfin à manquer d’objet.

Dès que le désir de sentir et d’agir est exagéré par l’habitude ou par des causes accidentelles, et qu’à l’emploi nécessaire de ses facultés, l’homme fait succéder leur emploi extrême, il se donne des lois nouvelles, ou plutôt il détermine une extension fortuite de ses lois primitives. Il pouvoit également se livrer ou ne se livrer pas à cette pente sédui-