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rences, comme elle ne peut n’être pas. Elle est, parce qu’elle étoit ; elle sera, parce qu’elle est. Éternelle, impérissable, elle compose, absorbe, travaille sans relâche toutes ses parties, agrégations mobiles et passagères de substances inaltérables. Ses formes s’engendrent, s’effacent, se reproduisent dans une série sans bornes qui ne sera jamais répétée ; et de toutes choses toujours nouvelles, se forme leur invariable universalité.

Il ne peut être de limites pour cette nature universelle ; des possibles hors d’elle sont aussi contradictoires qu’un espace qu’elle ne contienne pas, qu’un tems qui la précède ou la suive. Tout ce qui est possible, a existé ou existera ; tout ce qui est, est également nécessaire ; tout ce qui est, sert également à la composition du grand tout.

Le beau, le vrai, le juste[1], le mal, le

    rences entre diverses sensations ou divers objets sentis. Il n’y a donc point de science de l’essence de l’être ; il n’y en a donc point de la nature considérée comme le résultat unique, comme l’ensemble de toutes choses.

  1. Le beau, le juste essentiel sont évidemment fantastiques et impossibles. Le mal ne peut exister dans la nature. Pour l’individu, qu’est-ce que le