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de son être que par l’emploi habituel et modéré de ses facultés. L’inaction donne un sentiment pénible de nullité, et rend odieuses nos heures stériles.

L’énergie ne sauroit être soutenue si elle ne s’exerce ou sur des objets variés, ou sur un objet inépuisable ; ainsi les plaisirs ne peuvent suffire a l’emploi de la vie.

Primitivement, l’être animé ne pouvoit être malheureux. Il ne connoissoit le mal que dans des instans très-rapides ; les autres parties de sa vie étoient bonnes ou indifférentes, et celles-ci mêmes étoient bonnes ; car, primitivement, le sentiment de sa propre existence devoit lui suffire. Le bonheur de l’être sensible est de se sentir selon sa nature. L’être qui sent qu’il est, qu’il continue d’être, qu’il se conserve pour être, se sent selon sa nature. Ce sentiment est un sentiment de bien-être. Différence entre cet état primitif et l’état actuel de l’homme. Du besoin de sensations fortes et positives dans cet état actuel. Besoin d’occupations commandées.

Comment trop de liberté dans les détails de la vie conduit à l’inaction et celle-ci à l’ennui. Causes de l’ennui. Misères réelles de la classe privilégiée. Incertitude, indolence, dégoût de toutes choses ; ennui de la vie. Avantages d’un cœur simple et des désirs limités.

Des illusions qui nous abusent dans la recherche du bien. Différences essentielles, opposition entre la simplicité et la misère. De la simplicité. De la misère. L’homme simple n’est ni ne peut être misérable.