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ces biens corrupteurs, notre grandeur ridicule, nos progrès funestes ; retournons vers cet état naturel à notre être, qui diffère de la férocité des tems sauvages, et bien plus encore de la déviation de nos arts subtilisés et de nos mœurs énervées.

Combien de siècles encore les sophismes de l’oppression abuseront-ils les hommes, et les préventions inconsidérées feront-elles repousser avec dédain des vérités éternelles, que la nature prouve ; et que la raison séduite ne pouvant condamner, met au rang de beau romanesque ?

Tout est lié dans l’ordre social, dans l’ordre moral, dans l’ordre physique. La plus funeste des erreurs est celle qui éternise le mal en persuadant qu’il est inévitable. Les fruits désastreux de la perfectibilité s’accumuleront, les yeux s’ouvriront enfin sur l’avenir plus sinistre encore ; par l’expérience de ses misères l’homme apprendra quels sont ses biens. Cette révolution générale des choses exigera l’accord universel de tout ce qui compose l’ordre social. Les meilleures institutions que l’on établiroit en négligeant celles qui les doivent soutenir, ne seroient que des réglemens d’un jour. Cependant les hommes jetés dans le moule commun, ces vrais enfans de notre siècle, éni-