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l’Arimane ne sont, comme le Chaos, que la matière inerte ; enfin le Dieu de Newton, toute action, sentiment, intelligence, et le Dieu des Chrétiens, par-tout présent et par-tout actif, ne sont que l’ame universelle. On ne peut expliquer que par-là les âmes humaines, et le principe général qui anime les êtres organisés. Rien ne pouvant périr dans la nature, il faut qu’à la mort, le principe de notre intelligence se dissolve et se réunisse au principe universel dont il est une émanation, comme notre corps se décompose et disperse ses parties qui servent de nouveau à l’organisation des êtres corporels[1]. Platon fait de l’ame humaine une partie de la divinité à laquelle elle va se rejoindre quand elle abandonne le corps qui se rejoint de même à la matière corporelle ; et cette religion qui doit tant au Platonisme, n’envoie-t-elle pas au sein de la divinité les âmes que le crime n’a pas fait dégénérer ?

Les deux âmes que Bacon, Buffon et tant d’autres reconnoissent dans l’homme, s’expli-

  1. Je conserve toujours au mot corporel la même acception. Je suppose que le principe actif est incorporel sans être immatériel, et que la substance intelligente est de la matière sans être un corps ; ainsi le pensoient tous les anciens.