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comme nous : ici est la lumière et là sont les ténèbres, redescendons à notre propre foiblesse, sentons le besoin d’être soutenus plus encore que celui d’être éclairés, embrasons notre ame par l’enthousiasme des conceptions élevées, et soutenons à cette hauteur notre volonté pour les vertus mâles ; nous désirerons alors l’immortalité sans l’approfondir, et l’inef-

    les considérations qu’il vouloit faire valoir en faveur de l’immortalité ; d’avouer que cette série de sensations n’est pas plus surprenante lorsqu’elle cesse que lorsqu’elle commence ; d’avouer que, par cela seul qu’il n’existoit pas, il reçoit dans les momens d’impartialité la conviction qu’il n’existera plus.

    Comment veut-on que l’être qui se sent exister, sente en même tems qu’il n’existera pas ? a-t-il quelque notion de la non-existence ? Dès-lors qu’il se replie sur lui-même, il doit se sentir existant toujours. L’avenir conçu dans le présent, ne peut être que la prolongation supposée de la sensation présente ; puisqu’il se sent exister maintenant, il doit se sentir exister dans le tems sans bornes. Le raisonnement seul l’avertit que, comme la série de ses sensations successives a un terme dans le passé, elle en pourra avoir un dans l’avenir. Une fois ce point obtenu, cent preuves, tirées de conceptions plus étendues, l’avertissent que nécessairement il en doit être ainsi.