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tence antérieure une preuve qui n’est qu’une hypothèse chimérique[1]. C’est encore par elle et par ses conséquences qu’il réfute l’opinion naturelle de ceux qui n’en font qu’un résultat harmonique. Il dit de plus que, puisqu’elle conçoit des abstractions simples, elle est nécessairement indivisible comme elles, et dès-lors invariable. Il est vrai qu’il ne pensoit pas que le sage dût long-tems s’arrêter à douter ; et qu’ainsi l’on devoit attendre de lui qu’il parlât plus en grand et éloquent moraliste qu’en métaphysicien profond. Il paroît donc s’être moins attaché à chercher ou à démontrer une vérité nécessaire, qu’à établir une croyance utile ; et dans notre ordre social il pouvoit penser que la consolation de l’espérance convenoit mieux à l’homme individuel que la vérité qui décourage.

Parmi les hommes que nous connoissons, Socrate pouvoit dire : si la raison libre de préventions mais non d’erreurs, s’arrête à sonder cette question essentielle et obscure, elle trouvera que l’ame, en tout dépendante des effets physiques, intérieurs ou extérieurs, se fortifie et s’éteint avec le corps, partage son

  1. Voyez le Phédon.