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vons trouver vers ce point extrême et dangereux, que nous nous flattons d’atteindre n quelques similitudes avec l’extrême primitif où nous étions placés.

Dans l’ordre primitif nous étions susceptibles de peu d’affections, et chacune étoit déterminée à son moment et comme choisie indépendamment de notre volonté, par les besoins de notre nature.

Dans l’ordre actuel il faut donc trouver et un moyen de ne recevoir à la fois qu’une impression unique, ou du moins très-supérieure à toute autre ; et un moyen de faire dans les impressions dont nous sommes susceptibles, un choix toujours conforme à nos besoins, toujours convenable à notre nature, et dès-lors à notre bonheur.

Ces deux moyens nous restent seuls de retourner en quelque sorte à cette situation primitive, même par des voies éloignées d’elle. L’un, au milieu de la ligne de déviation, nous y rejette rapidement, mais instantanément ; l’autre, dans l’excès de cette déviation circulaire, nous fixant à son terme extrême, nous retient auprès du point primitif qui, dans l’orbite des choses, est lié à lui par cela même qu’il est l’extrême opposé.