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ficiles ; j’ai trouyé que tout étoit vain, même la gloire et la volupté, et j’ai senti que ma vie m’étoit inutile. Voyant qu’elle ne contenoit nul bien pour compenser ses douleurs, je l’ai seulement tolérée comme un fardeau nécessaire. Il y a quatre[1] années environ, (j’en avois vingt-deux alors) je m’appuyai sur la sagesse des Stoïciens ; et sa fière indifférence me soutint contre les afflictions ; mais elle n’eut à opposer contre le sentiment du néant de la vie, que de spécieuses chimères. Je trouvai que, par la sagesse y on étoit moins malheureux ; je trouvai qu’elle pouvoit beaucoup contre les maux ; mais lorsque je cherchai par quel bien positif elle rendoit la vie heureuse, et sur quelle vérité inébranlable s’élevoit son sublime édifice, je dis avec découragement : la sagesse elle-même est vanité. Que faire

  1. Presque tout ce volume a été écrit l’an VI.