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LE MAÎTRE.

Vous les narguez, monsieur. Est-ce que je ne vois pas votre air moqueur et insolent ?

INNOCENT.

Mais, m’sieu, puisqu’ils m’appellent Judas !

LE MAÎTRE.

Ils ont raison, monsieur. Et je vous préviens que si vous continuez comme vous avez commencé ils vous rompront les os, ils vous écorcheront vif, sans que je puisse les en empêcher.

INNOCENT.

Ah ! mon Dieu ! je ne peux pas rester ici ; je veux m’en aller chez ma tante.

LE MAÎTRE.

Il n’y a plus de tante pour vous, monsieur ; vous êtes ici, vous y resterez ; nous répondons de votre personne, et personne n’a le droit de venir vous reprendre.

INNOCENT.

J’écrirai à papa, à maman ; je ne peux pas rester ici pour avoir les os rompus et la peau arrachée. Les méchants garçons ! Je les déteste !

LE MAÎTRE.

Détestez-les tant que vous voudrez, monsieur, mais ne les taquinez pas ; c’est dans votre intérêt que je vous le dis. »

Le maître d’étude s’éloigna, laissant Innocent tout penaud au milieu de la cour. Quand il leva les