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s’il veut aller à gauche… Ceci arrive sans qu’il y prenne garde… il ne peut pas obtenir ses « visions » quand il le désire…, mais quelquefois il en a trois ou quatre dans la même journée… et… c’est alors bien fatigant !

Je dis, innocemment, presque affectueusement :

— Vos entrées dans le Palais ne sont-elles pas un peu… influencées par ces « visions » ?

Il persiste à chercher des mots, pour lui-même, et à formuler des « souvenirs » :

— Je commence à comprendre pourquoi j’ai si peur de monter sur les murailles ou dans les tours…

— Pourquoi ?

— Parce que… une fois cela m’est arrivé et que naturellement je me suis vu noyé au fond d’un…

Oui. Je comprends moi aussi. Dans « ces moments particuliers » il vit dans un espace inversé bout pour bout, avec d’horribles angoisses de pénétration dans la matière ou de pesanteur à l’envers…

D’autres diront : angoisses imaginaires. C’est possible. Il en invente peut-être le sujet, l’anecdote : partie méprisable ! Je prétends qu’au moment même où il me parle et se confie, elles sont réelles, ces angoisses, d’une intensité enviable, presque redoutable… Et pourtant, je voudrais bien savoir.

— Vous avez eu des « visions » de ce genre dans le Palais même ?

— Non.