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vantaux du sud, impérialement clos. Il sait placer dans leur ordre chacun de ses gestes. Il roule confortablement sur ses ressorts européens et va loger, en bon père de famille, dans le Yamen bien protégé de son fils aîné, Yuan K’o-ting.

Voilà tout ce que je brûle de raconter à René Leys, que je m’étonne fort de ne pas saisir dans la foule qui descend avec moi des murailles, — mais qu’il me semble naturel de découvrir, frais et reposé dans sa chambre où il vient de dormir, me dit-il, tout l’après-midi, — comme il n’avait pas dormi depuis longtemps. Il craignait que ce coup de pied ne lui eût « brisé un nerf dans la vessie »… « Mais il ne souffre plus du bas-ventre, et il urine… » — Me prend-il pour un médecin ? Il est indécent. J’ai pudeur de mon enthousiasme pas encore tiédi… Je ne lui parlerai pas aujourd’hui de la belle arrivée de Yuan. Je me tais.

Lui m’interpelle :

— Eh bien ! vous étiez persuadé qu’on ne le déciderait pas à partir ?

— … ?

— Il est parti.

— Il est parti… et arrivé. Oui. Je l’ai…

— Arrivé, à son poste.

— Ah ?

— Je suis fier d’avoir tant insisté pour l’expédier là-bas. Le Régent ne pouvait croire qu’on le dépêcherait aussi facilement…