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de voiture, passait à pied la voûte du Tsi-ming-Kong, on a remarqué, à deux pas derrière lui, parmi les gardes de la porte…

— Qui a remarqué ?

René Leys ne s’arrête pas. On a remarqué un individu qui ne s’inclinait pas avec le geste d’un officier bien appris. On s’est précipité sur lui, on a fouillé ses manches et on l’a désarmé, — car il portait un couteau de cuisine, — et mis en prison, au secret.

— Et le Régent, quelle attitude ?

Car il est toujours agréable de recueillir ce qui est dit face au danger…

— Le Régent n’avait rien vu : il va toujours les yeux baissés, — ce qui est la démarche de cérémonie. Il a bien fallu lui rendre compte…

Je serais curieux d’avoir été celui-là qui lui annonça la chose… le danger. Ou encore celui qui, le premier, soupçonna l’homme au couteau, et se jeta sur lui. Qui était-ce ? Le chef d’escorte ? Suivrait-il le Régent jusque dans le Palais ? Si c’est lui, je donnerais beaucoup pour avoir son récit, quand il sera bien ivre…

René Leys reste songeur un moment plus long que de coutume. Vais-je ignorer ? Enfin, de sa bonne voix confidentielle :

— Oh ! je n’ai aucun mérite ! Il me suffisait d’être prévenu à temps. L’homme était reconnaissable à ce fait que son couteau dans la manche le gênait