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triomphé : le voici, haletant, couvert de sueur, soufflant et hurlant sa victoire dans des cris… Est-ce fini ? déjà !

— Non, dit René Leys ; attendez. J’espère qu’il sera meilleur dans sa défense contre les monstres.

Et, confidentiellement :

— Il a manqué la parade du « cinq ».

Je reconnais en René Leys le parfait habitué de théâtre : le drame qui se joue n’est rien : qu’il s’agisse de l’Hamlet humain de Shakespeare ou de l’autre si mignonnement travesti par Ambroise, qu’il s’agisse du grand dieu Brahma dans Lakmé (Léo-Delibes), ou de la grande soupe en famille de Louise, monologie du Peuple Souverain, — le parfait habitué de théâtre néglige ces nuances dans le détail du livret, pour s’en tenir au fond : la vertu de la grosse chanteuse, le port de voix du ténor éculé escamotant une « attaque » difficile…

Mais… mais… quelle pénétration de la vie chinoise, — mieux encore, Pékinoise, — ce garçon n’a-t-il pas atteint, pour rester sensible, au fort d’un spectacle à faire éclater les orbites, — aux seuls dessous du théâtre où il me mène !

Moi, je regarde de plus en plus : voici les Monstres annoncés. D’abord, un grand diable Symétrique, s’inversant, bout pour bout, à volonté, avec deux visages, mais non placés à la manière de Janus. On ne sait vraiment sur quels pieds ou quelles mains