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oripeaux, marchent, portés dans un balancé de marche, de droite à gauche, dans le sens, toujours, de vos yeux. Déroulez.

Un large ravin se creuse. Voici le premier Cortège que vous dépassez un à un : des chevaux, des chevaux de tant de sortes ! On en doit remarquer dix de vraiment incomparables : ce noir de sourcils noirs, ce gris de pluie, deux écarlates, un citron pâle, un fleur de pêcher, le tigré, le moucheté, cet écailleux et ce dernier velu comme un ours ! Ils sont plus grands que les mules de char. Voyez ce cou, et cette crinière tressée. Voyez ces poitrails et ces croupes fuselés par l’allongement des quatre membres au plein galop !

Ces animaux sont réputés pour leur grand mépris pour le vent : s’ils ne le dépassent, ils pleurent, s’arrêtent, puis repartent et l’on dit qu’ils vont jusqu’à suer leur sang. Et ils couvrent bien mille lieues, de l’aube à la tombée du soir.

Les gens qui les mènent, à pied pour ménager les bêtes, semblent des hommes très fati-