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Tournez vous enfin du dernier quart d’horizon. Toute forme et toute apparence sont bues, toute couleur dissoute hormis le bleu. C’est une cave d’azur, un vide séparant le ciel de la terre, en raison de ce décret : Que les émanations d’en haut demeurent en haut, et les effluves d’en bas, qu’elles ne lèvent. Que ni le Ciel ni la Terre ne communiquent et ne s’accouplent : que les valves soient toutes fermées : qu’il n’y ait plus aucune aspiration sensible, aucune aventure en ce bleu, aucun tonnerre sous ce globe, aucune pensée sous les fronts : que le Sage s’abstienne sagement d’agir : point de désir et point de répulsion : seule, que s’épande la transparence, — le diaphane craquant dans l’air sec, — seul, que règne le bleu pur, le bleu dur et bleu.

À cet étendard, à ce déferlement de l’azur vous reconnaissez l’avènement d’Hiver dans son royaume à la Chine du Nord. C’est bien lui. Ce que vous venez de voir est la première


NÉOMÉNIE DE L’HIVER.