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est plus dur qu’un saut de poulain nomade, mais l’Emporté soulève sa monture du battement de ses ailes membraneuses. Les cuisses sèches et les tibias font pince plus fort que des mollets musclés ; le pied large talonne le flanc en arrière ; les orteils écarquillés et libres méprisent encore l’étrier. C’est lui qui lâche et qui lance sa bête, et il va dans un souffle aspirant tel que de grandes fleurs indécises, — pavots verts ? — ployées au passage, jettent leurs tiges en volutes à ses trousses.

*

Fut-ce un vivant, un vampire ou une allusion en mouvement ? Il n’y a pas de nom sur lui, pas plus que sur ses milliers de frères accrochés aux blocs qu’ils tirent, aux granits et aux grès qu’ils emmènent.

À défaut donc d’un Empereur éteint, voici le peuple et l’armée d’un temps précipité d’un seul bond vers sa chute : toute la dynastie