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Ainsi, aux creux des chambrettes, aux frontons des caves, aux chefs des piliers funéraires, autour du cercueil de terre cuite sonore, c’est la ruée de fantômes fantasques fuyant on ne sait quoi, en route on ne sait pour quoi. Si l’usure des pluies extérieures ou la fonte intime et les exhalaisons des chairs ont mangé parfois les contours originels, il reste du moins ces traits durs, mi-squelettiques et mi-humains, ces arêtes que l’implacable estampage saisit. Et les oiseaux volent, les quadrupèdes marchent, les hommes courent ; des chars tombent à l’eau où des poissons nagent ; des bateaux descendent les fleuves. Quelques chevaux fous, démontés, rebroussent le chemin des autres… — si nombreux, dites-vous, qu’on ne sait auquel d’entre eux accrocher son regard ? Alors, suivez seulement ce cavalier :

Ce Maigre, sur le dos d’une licorne dont trois pattes ont disparu, — la dernière, crispée sur l’espace en avant. Le coup de reins